author : Bartolomé Desmaisons (BD)
So, yesterday (august the 2th, 2021) the following documentary has been shared on YT :
"Patagonie : Terre de l'extrême"
by Fulvio Mariani / Iceberg Film
ARTE, RSI, SRG SSR
2019
https://www.youtube.com/watch?v=nLYlryBfn1s
An analysis of its content (in french (might be translated in english later)) is now available below.
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Donc hier a été mis en partage sur YT le documentaire :
"Patagonie : Terre de l'extrême"
de Fulvio Mariani / Iceberg Film
ARTE, RSI, SRG SSR
2019
https://www.youtube.com/watch?v=nLYlryBfn1s
Analyse du contenu.
Il aurait été préféré éviter de critiquer négativement ce documentaire.
Lors du premier visionnage cela est longtemps apparu possible, puisque dans l'ensemble les approximations et erreurs répétées de la première partie sont mineures.
Cependant toutes celles s'accumulant lourdement dans les dernières minutes ont conduit à la production de cette recension du contenu.
Pour aller droit au but commençons par les plus lourdes erreurs, celles qui sont répétées sempiternellement et avec gourmandise dans des "documentaires", des ouvrages, des récits :
21:35 « la pampa aride »
42:25 « la pampa argentine »
il n'y a pas de pampa en Patagonie !, et encore moins en Patagonie australe. Il y a seulement de la steppe aride. La pampa proprement dite se trouve plus au Nord !
36:26 « Hielo Continental »
puisque ce mythe est évoqué (fortuitement), faisons une mise au point : il n'y a pas de "hielo continental" (glace/glacier continental(e)) en Patagonie. Cette expression n'a jamais été adaptée à la description des étendues glaciaires patagoniennes depuis la dernière grande glaciation (il y a environ 18.000 ans !), sauf dans l'esprit d'un "expert"/"spécialiste" autoproclamé, chez qui l’impéritie disputait à l’arrogance, qui a défendu opiniâtrement et propagé inopportunément l'usage cette expression, et chez les (pas plus compétents) amateurs et adeptes/disciples de cette croyance.
38:56 « El Chaltén, autrement dit : le volcan »
38:59 « car les indios de la région pensait que le Fitz Roy, avec sa couronne de nuage, en était un »
Le terme indigène "Chaltén" ne se traduit pas par "volcan" (ou par "montagne fumante"). On ne connaît pas la signification de ce terme, et on n'est même pas sûr de la prononciation et, bien entendu, de l'orthographe du terme utilisé par les amérindiens : "chaltél" (comme rapporté initialement par Antonio De Viedma, Carlos María Moyano ou Ramón Lista) ou "chaltén" (en usage depuis la publication du récit de voyage de Francisco Moreno) !
Les amérindiens (et pas les « indiens/indios ») de la région n'ont jamais pensé ou témoigné que le "Fitz Roy" était un volcan. Ils ne l'ont jamais considéré comme tel. On se plaît à croire cela et d'autres fadaises depuis la publication du récit de voyage de Francisco Moreno. Mais ces croyances devront disparaître.
Ce n'est toujours pas les productions télévisuelles ou éditoriales contemporaines qui permettront ces rectifications... Et cela dure depuis déjà des décennies... et est financé/subventionné abondamment.
cf. [Angelis, 1837, 06, Viedma], [Lista, 1880], [Moreno, 1879], [Moyano, 1931], etc.
Nous en avons terminé avec ces marqueurs incontournables de l'indigence de "travaux" (écrits, visuels, etc.) rendus régulièrement publics sur la Patagonie, avec ces marqueurs symptomatiques :
des désintérêts fonciers des auteurs de ces "travaux"/"œuvres" pour le sujet traité et pour la région, pour la littérature portant sur celle-ci,
de leurs absences professionnalisme hormis pour ce qui a trait à la mise en scène, rendant régulièrement les propos énoncés spécieux,
de leur paresse...,
d'une éthique/déontologie étrange,
d'un affalement des valeurs,
d'une tolérance surprenante aux approximations et aux erreurs, d'une impunité qui sévit depuis des décennies,
etc.
Autres passages "surprenants" méritant une mention spéciale :
41:00 « l'explorateur Andreas Madsen »
Non, Andreas Madsen n'était pas un "explorateur". Il n'a nullement contribué à l'exploration de la Patagonie. Un autre mot valise choisi à la hâte aurait pu, à peine, mieux convenir : "aventurier", puisque l'on peut indéniablement lui reconnaître cette qualité (mais seulement très partiellement ce statut).
Andreas Madsen a été marin, employé d'une commission des limites (commission pour la délimitation de la frontière entre l'Argentine et le Chili), puis surtout : pionnier, colon, éleveur, chasseur, etc..
cf. [Madsen, 1948]
41:19 « lorsqu'ils ont réussi à le conquérir [après que deux membres de l'expédition française de 1952 aient réussis à gravir le mont Fitz Roy (Chaltél)], Madsen a décidé d'abandonner sa ferme et la région où il vivait depuis plus de 50 ans »
C'est n'importe quoi. Affirmation historiquement fausse et stupide, pour les besoins de la production, pour faire du remplissage, pour impressionner le spectateur, le transporter, et par suite : cultiver, accroître l'étendue de, sa méconnaissance, de son ignorance...
Terminons cette partie par deux mises au point sur l'ethnonymie :
04:3 « les indiens alakalufs »
16:02 « dans des lieux qui n'ont pas vu âme qui vive depuis les indiens alakalufs »
"Alakaluf" est une attribution identitaire (ethnonymique) externe, provenant d'une incompréhension de marins.
L'archipel occidental de Patagonie et du Nord-Ouest de la Terre de Feu était peuplé par les amérindiens Kawéskars (ou : Qaweskars, Qawaskars - ou par les attributions ethnonimiques externes : "Alakalufs", "Pécherais", etc., et souvent désignés comme les "nomades de la mer", des "aborigènes marins", etc.).
"Alakaluf" ne devrait plus être utilisé.
cf. [Emperaire, 1955]
22:25 « indiens tehuelches »
"Tehuelche" est une attribution identitaire externe, d'origine Mapuche (Araucanie).
Les steppes (orientales) de Patagonie étaient peuplées d'Aónikenks (tout au Sud) de Mecharnúekenks (un peu plus au Nord). Ces derniers se virent attribuer comme ethnonymes : celui de "Patagons" par les européens qui les rencontrèrent à partir du début du XVIe siècle, et celui de "Tehuelches" par leurs voisins Mapuches.
"Tehuelche" ne devrait plus être utilisé !!
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Passons maintenant à une revue plus détaillée (mais non exhaustive)
00:22 bref extrait de poème (à la qualité discutable)(Patagonia la lejana - Gabriela Mistral)
traduction tout simplement erronée et arrangée/travestie (ou traduction de traduction erronée ?)(version originale), un abus de confiance puisqu'une majorité de spectateurs ne songe pas à se livrer à une vérification,
au texte sonnant à moitié creux, mais énoncé sur un fond musical entraînant, inspirant… neutralisant généralement tout esprit critique.
Passage introductif (pour le "documentaire") toutefois probablement source (d'emblée...) d'orgasme onaniste et de poussée de priapisme chez le conteur, dans l'équipe de réalisation, chez les financeurs de tels "travaux"... (et chez certains spectateurs sensibles à de tels niveaux et étalements/exhibitionnismes d'"érudition" et de "culture" (fausses)(de pédanterie et cuistrerie)) ?
00:50 « la Patagonie se dresse dans l'océan austral comme un gigantesque sabre de pierre planté entre Pacifique et Atlantique, le vent déchaîné du Pacifique, presque surpris de trouver un obstacle en a affûté la lame au milieu d'une mer de glace »
métaphore, puis métaphore filée pour alimenter un lyrisme creux, indigent, claudiquant, dont sont seuls capables les réalisateurs, traducteurs, conteurs (et écrivains ?) contemporains, mais poésie sans valeur invariablement appréciée par les spectateurs/voyageurs rêveurs contemporains...
02:2 « le village le plus proche à presque 1000 km d'ici [de Puerto Edén] »
en fait : non. Ni à vol d'oiseau El Chaltén à ~115 km, ni même en bateau : Tortel à ~220 km (Puerto Natales à ~480 km, Punta Arenas à ~750 km, Chiloé ~800 km), mais du moment que le propos alimente le rêve... on peut se permettre des approximations et s'épargner quelques recherches/vérifications élémentaires...
02:45 « dans une région où la parole est rare chacun se doit de raconter des histoires extraordinaires pour qu'elle n'aillent pas se perdre dans le labyrinthe de cette côte chilienne déchiquetée par la mer et les glaciers »
pfff...
Des histoires extraordinaires pour gringos voyageurs souvent sortis de leurs milieux urbains ?
Malgré les alertes répétées des ethnologues on n'en a rien eu à faire des « histoires extraordinaires », des savoirs, de la sagesse, etc. accumulés pendant des temps immémoriaux par les peuples indigènes, mais les histoires banales, prosaïques, de pêche et d'icebergs ne devraient, par contre, elles, pas être perdues ? Elles auraient une valeur pour la postérité selon certains de nos contemporains rêveurs ?
04:42 « les indiens alakalufs [...] exterminés par les vices et les maladies des Blancs »
Léger, mais sensible, changement d'intonation (emphase) pour le terme « Blancs ».
Le Blanc. Figure exterminatrice...
Sauf que l'on « extermine » pas fortuitement par des vices et des maladies. Et les Kawéskars ont été fragilisés par les vices et décimés malencontreusement par les maladies. Il n'y a pas eu de projet ou de programme « des Blancs » ou même des créoles au Chili pour les exterminer biologiquement dans leur ensemble par ce moyen là ou même par un autre. Les « Blancs » (dans leur ensemble) ou les créoles ne convoitaient pas les étendues maritimes peuplées par lesdits natifs. Les « Blancs » (dans leur ensemble) ou les créoles n'ont donc pas organisé sciemment la perte de ces autochtones sur l'ensemble de ce territoire.
En revanche, un ethnocide a bien été organisé : à un certain degré.
Et un ethnocide, et un génocide, ont été les produits des mesures (maladroites et malheureuses) adoptées pour prendre en charge les représentants de cette ethnie. Mais dans ce cas il n'y a pas eu de volonté marquée et de programme d'éradication/extermination/réduction de ce peuple et de cette ethnie (contrairement à ce qui s'est passé pour d'autres pas loin de là...).
Et, en revanche également, des braconniers, chasseurs et pêcheurs ont bien cherché (là comme ailleurs dans le monde) à se débarrasser des gênants indigènes rencontrés par différents moyens. Mais ces malfaiteurs n'étaient pas que des « Blancs », en terme de couleur de peau/épiderme...
07:53 « dans la région d'où je viens il n'y avait plus rien, on est allé pécher partout sur les côtes du Chili, dans toutes les baies, quand on avait épuisé toutes les ressources chez nous, on allait dans d'autres baies et on exploitait celles des autres pécheurs »
"formidable"..., ça laisse pantois ...
12:23 « huimul »
prononciation très soignée...
13:11 « le cerf huemul est un animal sans défense, il n'attaque jamais »
non, et non...
Sauf les mâles rivaux qui se chassent entre-eux ?
Il ne se défend jamais ou ne défend jamais ses progénitures ?
Enfin (sur le versant Est de la cordillère), il n'a pas besoin des hommes pour le protéger des prédateurs que compte la faune endémique. Il a besoin que les hommes et la faune exotique invasive qu'ils amènent avec eux se tiennent à l'écart ou partent.
14:08 « les expéditions parties des fjords chiliens se comptent sur les doigt de la main »
affirmation fausse, il faut, au bas mot, les doigts de quatre mains pour les compter.
Mais se renseigner, ou réfléchir une minimum, importe peu et la vérité ne compte pas du moment que l'on transporte et fait rêver le spectateur ?
16:02 « dans des lieux qui n'ont pas vu âme qui vive depuis les indiens alakalufs »
en fait les lieux ont bien vu des âmes qui vivent depuis les amérindiens alakalufs, celles de pécheurs, d'andinistes, ou d'explorateurs du champ de glace, mais pour savoir cela il faudrait porter de l'intérêt à l'Histoire de la région : lire, et pas se contenter de bavarder et de parler...
21:07 « humidité accumulée jusque là sur les fjords du Pacifique »
non, l'humidité n'est pas accumulée dans les fjords, l'humidité est accumulée puis transportée par les vent d'Ouest tout au long des milliers de kilomètres parcourus par les masses d'air lors de leurs circulations au-dessus de l'océan Pacifique (cf. storm tracks)...
Une approximation de plus.
cf. [Crouch, 2002], [Garreaud et al., 2007, 2008, 2009, 2013], etc.
21:32 « les rares nandous et guanacos à avoir survécu »
les nandous et encore moins les guanacos ne sont pas rares... Il y a des centaines de milliers de guanacos en Patagonie (>1.300.000).
Les spécimens actuels n'ont pas survécus, c'est leur espèce qui a survécu.
Cf. [Gonzalez et al., 2016]
21:35 « la pampa aride »
pampa...
22:25 « indiens tehuelches »
tehuelches...
25:15 « alpinisme patagonien »
andinisme patagonien peut-être ?
27:41 « lancer des expéditions tout là haut, voila un défi pour les alpinistes de demain [...] car le mystère reste entier, pourquoi le glacier Perito Moreno avance-t-il au lieu de reculer »
Non, les alpinistes, andinistes ou explorateurs glaciaires ont d’autres choses à faire que des marches glaciaires prolongées pour vérifier des choses déjà comprises. Une personne sachant de quoi il parle n'est pas censée l'ignorer.
Le mystère (de l'avancée) du glacier Perito Moreno reste entier pour les ignorants, les paresseux, les rêveurs. Cela fait des décennies qu’une explication plausible est disponible dans la littérature scientifique. Il n'y a aucune expédition à lancer, et encore moins d'alpinistes, d'andinistes, ou d'explorateurs à mobiliser. D'ailleurs ces dernières années ils se sont trouvés d'autres occupations tous seuls : premières ascensions des volcans régionaux (Aguilera, Reclus)(+ localisation du volcan Reclus), répétition d'ascension sur des éminences orographiques majeures très reculées (Riso Patrón), etc., gravissement de voies exigeantes sur des cimes remarquables, etc. et ils écrivent l'Histoire et font sporadiquement avancer la Connaissance sans qu'il n'y ait besoin que des réalisateurs incultes ne leur prescrivent où leurs présences sont inutilement requises.
Enfin, si une expédition doit être lancée dans ce secteur : il vaudrait mieux aller vérifier l'existence (ou pas) du volcan Écrins un peu plus au Sud. Cf. [Hourcadette, 1985]
32:37 « Carlo Maria Mochano »
Carlos María Moyano.
Plus rapide de répéter phonèmes entendus que de chercher le nom de ladite personne et de le prononcer correctement...
34:01 « Patriichia »
non, se prononce "Patricia" en espagnol, pas à l'italienne, mais le traducteur en français a du mal à s'en douter.
36:26 « Hielo Continental »
...
38:00 « aujourd'hui en Patagonie on voit s'affirmer une nouveau type d'alpinisme basé sur la capacité à grimper vite dans des conditions de terrain très difficiles. C'est un style né de l'extrême instabilité climatique très exigeant sur le plan physique il permet une grande légèreté de moyens »
Ce n'est pas comme si ledit style d'alpinisme existait depuis des décennies, depuis près d'un siècle...
Tout est mélangé, tout est confus, rien n'est énoncé clairement, le sujet n'est pas maîtrisé, n'est pas compris et aucun temps n'a été mis à profit pour le comprendre.
Le spectateur sera distrait et peu importe qu'il n'en ressorte pas avec les idées claires ou instruit.
Ce style (alpin) n'est pas né en Patagonie et n'est donc pas lié à « l'extrême instabilité climatique ».
38:56 « El Chaltén, autrement dit le volcan »
38:59 « car les indios de la région pensait que le Fitz Roy, avec sa couronne de nuage, en était un »
...
cf. 1 et 2
39:20 « avec un développement comparable à celui de Chamonix, devenu capitale de l'alpinisme européen »
Oui, rappelons donc une citation de Sir Eric Shipton (notoire alpiniste, explorateur, aventurier anglais) :
« mais Chamonix lui-même est un lieu horrible. Il combine tous ce qu'il y a de laid et de vulgaire dans le "tourisme" moderne; de vastes ensembles d’hôtels disgracieux, des vrombissant de chars à bancs dans les rues, tous les types de marchants de camelote sont là pour exploiter les montagnes. Malheureusement ces horreurs du tourisme de masse ne sont pas restreintes à la vallée principale. (Au plus haut de la saison les refuges sont saturés de touristes, dont la plupart n'ont pas pour but d'escalader, créant un intolérable brouhaha se prolongeant tard dans la nuit, et ils laissent les refuges dans des états de saleté et de désordre)* » [Shipton, 1943]
Effectivement un développement comparable est suivi.
C'est ce dont témoignait Douglas Tompkins (notoire alpiniste, aventurier, entrepreneur et conservationniste états-unien)(à propos de El Chaltén) : « il est difficile d'accepter que l'implacable "Marche du Progrès" a à ce point altéré un endroit au point de le rendre méconnaissable aujourd'hui, que vous puissiez vous trouver dans un lieu dépourvu d'infrastructures et, qu'en moins de la moitié d'une vie, une ville complète se soit matérialisée en ce point. Il est effrayant de réaliser à quelle rapidité la civilisation avance, et la laideur et la pauvreté du développement s'abattent pour tirer des profits du paysage spectaculaire en arrière plan, en spoliant le premier plan si brutalement ». Il conclut que « le développement est sauvagement hors de contrôle, précipitant la culture dans un cauchemar dystopique, un auquel nous sommes toujours plus habitué dans les grandes villes, mais qui est plus surprenant et déstabilisant dans la jadis sauvage Patagonie australe** » [Collectif 2013, Tompkins]
40:1 « alpinisme d'exploration »
non, ne comprend rien au sujet, ne connaît rien à l'Histoire dans cette discipline.
En Patagonie l'andinisme d'exploration, ou même les expéditions à caractère exploratoire ne sont plus prédominants depuis des décennies !
Ces dernières décennies les explorations et ascensions sont avant tout à but sportif.
cf. [Martinić, 1982], etc.
40:19 « cet alpinisme d'exploration s'est développé à toute allure »
C'est faux. L'andinisme d'exploration n'est plus prédominant depuis des décennies. Et il n'y a eu ni allure, ni vitesse, ni précipitation.
40:3 « nouveau culte, celui d'un nouvel alpinisme qui s'attaque à des voies splendides d'un difficulté inouïe »
Commentaire pas seulement de profane, mais de paresseux qui ne cherche pas à comprendre, discerner, et qui finalement mélange tout.
41:07 « l'explorateur Andreas Madsen »
41:19 « lorsqu'ils ont réussi à le conquérir, Madsen a décidé d'abandonner sa ferme et la région où il vivait depuis plus de 50 ans » (après que français aient gravis le mont Fitz Roy)
...
41:25 « c’en était fini de la Patagonie toute puissante, une ère nouvelle s'ouvrait, celle de sa conquête par les hommes »
La conquête de la Patagonie (du prétendu "Désert"... la réduction par le fer et par le feu et par d'autres "civilités" (pratiques de "civilisés") des prétendus "barbares" habitant les étendues steppiques...) avait été commencée bien auparavant.
La "conquête" des reliefs de la cordillère des Andes de Patagonie, commencée quelques décennies auparavant, connut effectivement une intensification à partir du milieu des années 1950.
Les alpinisme, andinisme, himalayisme, etc., de conquête des sommets (par quelques moyens que ce soient) sont tombés en désuétude (chez les vrais sportifs)(suite aux évolutions de l'éthique s'étant produites dans ces disciplines sportives).
42:1 métaphore de la « pieuvre » : ok
42:25 « les fjords chiliens et la pampa argentine qui l'entourent frémissent sous son vent gelé »
pampa ...
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On se serait bien abstenu de critiquer un travail de Fulvio Mariani, mais un seuil a été dépassé, trop de marqueurs (lieux communs faux) de méconnaissance, d'inculture, d'indigence sont présents, trop d'approximations sont faites et trop de raccourcis sont pris.
Ce travail est moins pire que d'autres, mais n'est pas "passable" pour autant.
On pouvait attendre à mieux d'une personne s'étant rendu de nombreuses fois sur place depuis des décennies, ou ayant réalisé le remarquable documentaire sur l'ascension en solitaire du Cerro Torre par Marco Pedrini***, etc..
Mais la plupart des étrangers se rendant sur place y vont pour se divertir, et peu leur importe d'apprendre ou de comprendre.
On n'en doute pas, l'équipe de traduction a aussi dû apporter sa touche personnelle au salmigondi et au recueil de fadaises résultant.
Une fois de plus : des centaines de milliers d'euros ou de francs suisses de dépensés pour produire à la hâte et surtout sans rigueur du divertissement alimentant la méconnaissance et l'inculture, le colportage de lieux communs faux, les promotions et les perpétuations de croyances fausses (sans lien avec ce qui a été consigné dans la littérature par les découvreurs, explorateurs, aventuriers, sportifs, historiens, scientifiques, etc.. Littérature n'intéressant pas, au demeurant, les réalisateurs ou écrivains contemporains. Bien moins que les bavardages).
Un fond grandement erroné toutefois enrobé dans de belles images, des ambiances sonores entraînantes, des commentaires énoncés avec suavité et quelquefois emphase.
Un résultat piètre, voire néfaste ! Volens nolens et : omnibus perpensis...
Un exemple de plus que les documentaires, tout comme certains ouvrages publiés, ne sont jamais revisionnés/relus, examinés et corrigés par des connaisseurs. On peut énoncer/répéter/colporter/écrire en toute impunité et des décennies durant des informations fausses, dépourvues d'intérêt, creuses, approximatives, imprécises, et jamais de critique ou de rectification ne sera faite.
Écartons quand même la piste de l'obscurantisme ou de la désinformation (même si les symptômes/attributs/marqueurs sont là) puisque ici : les erreurs répétées sont simplement (et lamentablement) involontaires, inconscientes, mimétiques. Ce travail serait plutôt le produit de la médiocrité, du conformisme, de l'inculture, de l'indigence, de la paresse, des valorisations (désormais) de la fausse érudition (de la cuistrerie, in fine), de la superficialité, de la vacuité, de la forme (sur le fond), etc..
(BD)
(merci à JND pour la relecture et les citations
cf. bibliographie de JND)
* En anglais : (Sir) Eric Shipton, "Upon that mountain", 1943, p.439 - « But Chamonix itself is a horrible place. It combines everything ugly and vulgar in the modern "tourism"; vast hotels sprout in unsightly clusters, charabancs roar through the streets, everyking of cheapjack is there to exploit the mountains. Unfortunately these horrors of mass touristdom are not confined to the main valley. (In the height of the season the mountain huts overflow with trippers, many of whom having no intention of climbing, create an intolerable hubbub which continues far into the night, and they generally leave the huts in a state of filth and disorder) »
(Moreover) Eric Shipton, 1969, "That Untravelled World", p.45 - « in 1928 Chamonix was allready gross with tourism, an unlovely conglomeration of luxury hotels, motor coaches and cheapjack exploiters of the mountain scenery »
(will someone ever write : « in 2028 El Chaltén was allready gross with tourism, an unlovely conglomeration of (luxury) hotels, motor coaches and cheapjack exploiters of the mountain scenery » !? just asking...)
** En anglais : Douglas Tompkins, 2013, " Adventures of the irresponsible" - « it is tough to accept that the implacable "March of Progress" has so altered a place as to be unrecognizable today, that you could be in a place without a structure and, in half a lifetime, an entire town has materialized in that spot. It is scary to realize how rapidly civilization advances and the ugliness and the poor development that pour in to take advantage of the spectacular scenery in the background, while despoiling the foreground so brutally. Developement is wildly out of control, hurtling culture toward a dystopian nightmare, one that we are more and more accustomed to in big cities, but that is more startling and unnerving in the once wild southern Patagonia. »
*** Marco Pedrini qui affirmait, quand même, quelques choses fausses concernant des événements s'étant déroulés en 1959 et en 1970. Mais à part cela... très bon documentaire.
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